page 3

La peinture de Jean-Luc rodel ne vient pas de sa Bourgogne d'origine, elle n'emprunte pas non plus à sa Provence d'adoption,

elle exprime le cosmos, l'essence des choses, l'évanescence de l'azur comme l'épaisseur rassurante de la terre qui nous porte.

Avec la quarantaine, avec le travail accumulé, cet artiste a atteint le dépassement : il a su faire fi des conventions, des modes,

des Influences, il a intégré les genres et les techniques pour s'en libérer et faire éclore sa propre peinture, son univers…

Tel un démiurge altruiste nous livrant dans une peinture abstraite le monde qu'il construit, il nous oblige à y entrer, à nous

y regarder, à nous y chercher, à nous y reconnaître, à nous y interroger sur le sens de l'œuvre d'art. Il nous égare aux frontières

de l'abstraction et du réalisme, il nous perd pour nous aider à nous trouver… mais il le fait en douceur, en usant de la beauté,

pour ne pas nous effrayer. Ses couleurs vont du suggéré au brutal, ses épaisseurs de l'aile de la libellule au plasma du ventre

de la terre (de la mère?), ses formes de l'infiniment petit et discret au monumental et explosif. Abstraction disiez-vous ? Alors

la parole est abstraite, alors nous-mêmes sommes abstraits. Car la peinture de Jean-Luc Rodel nous parle, et elle nous parle de

nous : des émotions affluent dès le premier regard, des" madeleines de Proust ", des  jaillissements d'inconscient, des émerveillements

d'enfance, des questionnements incongrus… Et elle change notre perception, elle nous questionne sur le sens même du mot "réalité".

Il suffit de la laisser nous envoûter.

Christian Gérini

Maître de Conférences à l'Université du Sud Toulon-Var Le 03 janvier 2004

Retour accueil
Autre article